Les Cowboys et Jerry Jones en ont enfin eu assez de Jason « the Clapper » Garrett et ont embauché l’ancien coach des Packers, Mike McCarthy, pour le remplacer. Jerry Jones cherchait un coach avec de l’expérience en NFL et a trouvé son homme. Ça veut également dire que c’est celui, avec Ron Rivera, qu’on connaît le plus parmi les nouveaux coachs cette saison. Voici à qui s’attendre.
McCarthy a une longue feuille de route à Green Bay, même si l’étiquette du « gars qui n’a gagné qu’un Super Bowl avec Aaron Rodgers » est fermement collée dans son front. Il a quand même 3 autres saisons qui se sont terminées à un match du Super Bowl, deux d’entre elles des défaites en prolongation. Il est à deux jeux de trois présences au Super Bowl. Il a également une saison de 15-1 (ils ont inexplicablement perdu à la maison contre Eli Manning et les Giants) et une fiche de 7-3 contre Dallas, dont quelques matchs légendaires. Les Cowboys auraient vendu leur âme pour connaître ce niveau de succès au cours des mêmes années.
Mais le match qui représente le mieux son passage au Wisconsin est le match de championnat à Seattle en 2014, où les Packers ont pris l’avance face aux Seahawks favoris, mais ont manqué d’agressivité et ensuite d’opportunisme, et se sont effondrés contre une feinte de placement, un converti de 2 pts chanceux, un botté court, et quelques autres jeux improbables qui, avec un résultat différent, les auraient envoyés au Super Bowl.
C’est un coach conservateur, qui favorise la répétition et l’excellence d’exécution vs la diversité et l’imprévisibilité en attaque, mais l’inverse en défense (sous lui et Dom Capers, ils étaient l’une des défensives les plus « hors de contrôle » de la ligue). Ce sont des tendances qui sont à contre-courant de l’évolution actuelle dans la NFL.
Les fans des Packers lui en veulent encore pour les bombes incomplètes sur 3e et 1, les temps d’arrêt avant de prendre une punition de délai, le petit nombre de « play-action », trop de combinaisons « slant/flat » et le manque de passes aux porteurs de ballons. Si les trois premiers peuvent être attribuables autant à Rodgers qu’à McCarthy, les deux derniers sont à aussi à contre-courant des tendances actuelles. Avec un peu de recul, on peut constater que Rodgers n’est pas redevenu un super QB cette saison non plus et que McCarthy n’était pas le seul responsable du déclin de son quart vedette. Il devra par contre être plus créatif avec Prescott, lui qui n’est simplement pas le genre de QB qui découpe la défense adverse jeu après jeu. Par contre, McCarthy utilisait très bien les formations « empty » avec Rodgers, et Prescott, avec sa mobilité, pourra y exceller aussi. Il a aussi eu, comme Andy Reid d’ailleurs, souvent trop tendance à abandonner la course (c’est le coach qui a le plus gros % de passes vs courses entre 2014-2018), ce qui serait dommage considérant le prix qu’ils paient Zeke Elliott. Comment celui-ci sera utilisé est l’élément le plus intrigant de cette embauche.
McCarthy a d’abord, comme ancien coach de QB, directement été impliqué dans le développement de Aaron Rodgers. Je crois qu’il pourra aider Dak Prescott à atteindre le prochain niveau. Certains pensent que le fait de passer d’une équipe sans proprio à une équipe où le proprio est omniprésent sera difficile pour lui, mais je crois aussi qu’il n’aura pas de problème à ce que Jerry Jones soit le visage de l’équipe et celui que les médias vont voir, parce qu’il m’apparaît plus comme un introverti qui devait porter seul les messages de l’organisation à Green Bay, où il n’y a pas de propriétaire et Ted Thompson détestait les micros et les caméras. Il sera aussi très heureux d’avoir derrière lui une organisation qui ne lésine pas sur les moyens pour gagner, ce qui n’était pas toujours le cas à Green Bay.
Je pense que McCarthy est un solide coach qui avait besoin de se mettre à jour, ce qui n’est pas toujours facile sur le fly. D’autres l’ont fait avant lui. Je pense à Pete Carroll, mais aussi à Norv Turner, qui s’est fait sortir au Minnesota il y a 2 ans pour revenir plus imaginatif avec un livre de jeux modernisé pour Cam Newton en 2018. Et le meilleur exemple est Andy Reid, qui avait fait son temps à Philly et qui s’est renouvelé à KC. C’est ce que McCarthy a compris et semble avoir fait pendant sa sabbatique. Je comprends que McCarthy va vouloir appeler les jeux, mais c’est clair qu’il a une très bonne idée de comment opérer une organisation de football et donner le ton, ce qui avant tout le rôle d’un HC. Je suis d’ailleurs un peu surpris qu’il aboutisse avec les Cowboys, puisque ces qualités sont directement requises à Washington et à Cleveland, qui je croyais seraient les concessions les plus agressives pour ses services.
Même un entraîneur d’expérience a besoin de se bâtir une solide équipe d’adjoints et McCarthy n’y échappe pas. Son coordonnateur en défense sera important (on parle de Mike Nolan, pour qui McCarthy a travaillé à SF, mais qui serait une embauche peu inspirante), tout comme le fait d’avoir quelques jeunes dynamiques qui sont plus aiguillés sur 2020 que lui en attaque. Au moment d’écrire ces lignes le seul adjoint qu’on connaît est l’excellent John Fassel pour les unités spéciales, qui ont souvent été faibles sous McCarthy à Green Bay. C’est bon signe.
En gros j’aime cette embauche. C’est un gars d’expérience qui va arriver avec un regard frais et donner aux Cowboys une crédibilité. Ce n’est pas sexy comme un Lincoln Riley ou un Urban Meyer, mais c’est probablement beaucoup moins risqué et avec tout le talent disponible à Dallas, ça prend juste un adulte pour le gérer et l’optimiser.

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