Après 5 semaines de durs labeurs, je crois qu’il est temps de reconnaître que la tendance amorcée en fin de saison l’an passé est belle et bien réelle : ce n’est pas une blessure temporaire, mais l’effet du temps, de l’âge et probablement de ses chirurgies cervicales. Le bras de Peyton Manning n’est plus de calibre pour la NFL.
Le test de l’œil ne ment pas. On voit régulièrement des passes prendre une éternité se rendre au receveur. Certains tracés qui requièrent un peu de « hhmmmpppfff », comme le « deep comeback » et le « deep in » ne font même plus partie du répertoire. Certains autres, qui ont fait sa renommée, comme le « quick slant » sont devenus une aventure. Et avec moins de vélocité, sa précision sur la bombe est rendue complètement aléatoire. On assiste donc à un nombre nettement accru d’interceptions, la plupart causées par un Peyton qui essaie de faire une passe que son bras ne peut plus réussir. Traduction libre de l’expression anglaise consacrée, sa tête encaisse des chèques, mais le compte de son corps est vide! On dirait aussi que sachant qu’il doit anticiper le jeu encore plus, il prend certaines décisions trop vite, et fait des erreurs de lectures qui étaient des jeux d’enfants pour lui il y a quelques années, et quand il se retient, il se fait sacker avec régularité. Pour être juste, ce phénomène est peut-être amplifié par le changement de système de jeu cette année également, Peyton ne sachant pas aussi intuitivement que par le passé où sont ses dépanneurs.
Les chiffres non plus ne mentent pas. Depuis le début de la saison, Manning est classé 30e sur 35 pour le coefficient d’efficacité, derrière Nick Foles et Jameis Winston. Si vous préférez le QBR de ESPN, il est présentement 22e sur 33, entre Marcus Mariota et Ryan Mallett. Je suis pas mal sûr que c’est la première fois Manning est comparé à Nick Foles et Ryan Mallett… Les statistiques ne disent pas tout, c’est vrai, et c’est un sport d’équipe. Regardons donc Pro Football Focus, qui donnent une note à chaque jeu, sans égard à ce que les autres joueurs ont fait (si le receveur échappe une belle passe, le QB obtient la même note que s’il l’avait attrapé). Il est au 25e rang sur 37, à égalité avec Alex Smith et Drew Bress, tout juste derrière Sam Bradford et Mallett, et à peine devant Johnny Manziel. Ouch.
Bon, les Broncos sont 5-0. Ils le font avec une défensive dominante, et Peyton a quand même réussi à sortir quelques séries en temps opportun, comme contre les Chiefs, pour gagner le match. Mais force est d’admettre qu’ils gagnent plus malgré lui que grâce à lui.
Que nous réserve le reste de la saison? Peut-il simplement gérer le match, et laisser sa défensive gagner les matches? Peut-être, mais seulement contre des équipes inférieures, comme par exemple les Raiders dans le dernier match. L’histoire n’est pas de son côté pour la suite des choses : on a vu dans les dernières années sa force de bras et vélocité de ballon descendre drastiquement avec le temps froid et la fatigue de fin de saison. Peut-être qu’un peu de repos en fin de saison pourra l’aider, mais dans la AFC, tout indique que la route vers le Superbowl passera par New England, Denver et /ou Cincinnati, donc des environnements froids et venteux qui ne le feront pas bien paraître. La défensive des Broncos est assez forte pour les mener jusque-là. L’histoire ne retiendra que Peyton aura « encore » perdu en séries avec un club de premier plan, et non pas qu’il est revenu pour jouer une saison de trop. C’est dommage. Je l’ai dit l’an dernier, j’aurais préféré ne pas voir ça, comme un O.J. Simpson à San Francisco, Jerry Rice à Denver et Emmitt Smith en Arizona…

Pingback: Est-ce que les Falcons sont à prendre au sérieux? - Le Blitz NFL
Pingback: Plan de match Packers-Broncos: 5 duels à surveiller - Le Blitz NFL