Normalement, on s’attend à ce que les finales de conférence soient des matches serrés, mettant aux prises les meilleures équipes de la ligue. Si je me fie à mon classement de fin de saison, on a droit aux équipes #1, #2, #3 et #11. Par contre Vegas (et l’opinion publique) semblent plutôt convaincus que les Patriots et Seahawks vont gagner ces matches, ce qui enlève un peu de lustre à ce dimanche. Par contre, ce qu’il manque en intrigue est compensé par le narratif, l’histoire qui accompagne chaque match.
D’un côté, les deux équipes qui ont le rideau et qui été clairement les meilleures de la NFC cette saison, le duel classique de la meilleure attaque contre la meilleure défense. De l’autre, le duel entre le vétéran et le jeune qui veut prendre sa place au soleil. Tellement dommage que ce soit notre dernier dimanche de football avant le Superbowl…
Packers @ Seahawks
C’est LE duel le plus fascinant entre deux unités qu’on peut imaginer cette saison dans la NFL. La force irrésistible contre l’objet immuable. Ça vaut le prix d’admission.
1- La statistique qui ne veut rien dire mais qui attire l’attention (de @andrewSiciliano de NFL Network) : C’est la 7e fois que deux équipes qui se sont affrontées à la semaine 1 se revoient au match de championnat. L’équipe qui a gagné à la semaine 1 est 6-0.
2- N’oublions pas que les Packers sont allés perdre un match qu’ils n’avaient pas le droit de perdre à Buffalo en fin de saison, sans quoi ce match serait au Lambeau Field et l’histoire du match serait fort différente.
3- N’oublions pas non plus que quand une attaque dominante affronte une défensive dominante, c’est souvent la défensive qui a le meilleur.
Quand les Packers ont le ballon: L’attaque des Packers a eu l’air invincible par moments cette saison mais a connu sa part de problèmes dans plusieurs matches sur la route contre des défensives physiques, à Seattle, Detroit et Buffalo, qui sont également des défensives qui se basent sur la zone, alors que les Packers ont fait la loi face au homme-à-homme. Bien qu’ils aient joué plus de homme-à-homme cette année, les Seahawks ne se cassent pas la tête en défensive et ne tentent pas de masquer leur couverture : ils se placent principalement en zone, surtout du cover-3, et exécutent très bien.
Le bruit n’aidera pas leur attaque sans caucus, ni le fait que Rodgers ne semble pas capable de reculer, donc de prendre la remise directement du centre, ils ont fait tous leurs jeux en « shotgun » ou en « pistol » la semaine dernière.
Les Hawks ont une excellente tertiaire, c’est bien connu, et une DL capable de mettre de la pression. Rodgers ne pourra pas gagner ce match à lui seul et va avoir besoin de l’aide de Fat Eddie Lacy, contre ce qui est le point le moins fort de cette défense. D’ailleurs, les Panthers ont eu pas mal plus de succès que je pensais contre la D des Seahawks la semaine dernière, entres autres avec 132 verges au sol, et une excellente moyenne par portée. La OL intérieure des Packers est une des meilleures de la ligue et pourra crééer des brèches contre ce front défensif privé de Brandon Mebane et de Jordan Hill.
On a cette image de défensive invincible des Hawks, avec ce qu’on a vu en fin de saison, mais les Panthers sont de loin (sans être une attaque explosive) la meilleure offensive qu’ils ont affronté depuis belle lurette. Les 6 adversaires avant les Panthers? Deux fois les Cardinals (avec Drew Stanton et Ryan Lindley), deux fois les 49ers (avec un Kaepernick complètement dysfonctionnel en fin de saison), les Rams (avec Sean Hill) et les Eagles avec… Mark Sanchez. Difficile à battre comme brochette de chaudrons. C’est un peu moins pire les matches précédents, avec des gars comme Alex Smith et Eli Manning, mais la dernière fois qu’ils ont affronté un quart étoile, c’est quand ils se sont fait battre par les Cowboys et Tony Romo, le 12 octobre. Je ne dit pas que les Seahawks sont mauvais en défense, mais quand on dit que leur niveau de jeu s’est élevé d’un cran en fin de saison, c’est plutôt le degré de difficulté qui a drastiquement chuté vs les Rodgers, Rivers, Manning et Romo qu’ils ont vu dans les 5 premiers matches. Le retour à la réalité quand la vitesse d’exécution augmente d’un cran demandera peut-être une période d’ajustement.
Côté protection de passe, le CLink et le 12th man poseront leur part de problèmes aux Cheeseheads. Notons par contre que dans le match de la première semaine entre ces deux mêmes équipes est demeuré serré jusqu’à ce que Bryan Bulaga se blesse et que Derek Sherrod (qui a été congédié par les Packers quelques semaines plus tard) ait l’air d’un tourniquet, accordant deux sacs sans aucune opposition sur deux jeux consécutifs, dont un pour un touché de sûreté. Bulaga est un des 5 meilleurs RT de la NFL.
En supposant que Rodgers a un peu de temps ET qu’il est assez mobile pour éviter la pression, il faudra encore que ses receveurs soient capables de se démarquer. Ils ont complètement évité Richard Sherman lors du premier match, laissant Brandon Boykin planté devant lui à rien faire tout le match à faire la pancarte. Par contre c’était tellement évident que la défensive des Seahawks n’avait qu’à défendre la moitié du terrain, trop facile même face à Rodgers, Nelson, Cobb et compagnie. Depuis, Boykin a perdu son poste à Davante Adams qui offre une meilleure option et qui donnera aux Packers une meilleure chance d’attaquer le terrain au complet. L’homme-clé, c’est Randall Cobb. Normalement les plus gros CB’s ont plus de difficulté avec les WR qui se fient sur leur explosivité (« quickness »), comme Cobb et des gars comme Keenan Allen et Emmanuel Sanders qui ont connu un peu de succès contre Sherman cette année. Cobb sera aussi difficile à suivre pour Maxwell (s’il joue) et Simon, eux qui sont aussi plutôt costaud qu’agiles. Les Panthers n’avaient pas le personnel pour exploiter l’absence de Maxwell la semaine passée, les Packers eux auront clairement le meilleur des duels entre leurs 2e et 3e WR et les 2e et 3e CB.
Je suis de ceux qui pensent que Sherman, bien qu’il soit très bon, n’est pas la clé de cette tertiaire. Earl Thomas et Kam Chancellor sont tous deux des joueurs exceptionnels, qui rendent la vie plus facile à leurs CB’s. Le match pourrait se gagner sur deux ou trois jeux d’improvisation, si Rodgers réussit à en passer une par dessus la tête de Thomas, ou à l’inverse s’il improvise, voit quelqu’un tout seul mais que le temps que le ballon se rende, Thomas (avec sa vitesse hors du commun) s’interpose.
Je me demande si on verra les Packers faire autant d’attaque sans caucus (on saura peut-être si « New York Bozo » était une occasion spéciale pour Gv Christie ou fait maintenant partie du cahier de jeu de Rodgers!), c’est difficile avec le bruit mais c’est aussi une façon de ralentir l’ardeur de la foule. On a aussi vu une drôle de formation la semaine dernière : les hommes de Mike McCarthy ne subsituaient pas, et gardaient sur le terrain RB Lacy, FB Kuhn et leurs 3 WR, mais alignaient Kuhn comme WR d’un côté, et les 3 WR ensemble du côté opposé. On verra peut-être ça, avec Kuhn face à Sherman, laissant des duels à l’avantage de GB partout ailleurs?
Enfin, un mot sur l’état de santé de Rodgers. J’ai entendu toutes sortes de théories comme quoi il était mieux réchauffé en 2e demie, etc. Je pense que c’est plutôt mental. En 1re demie, il état craintif de courir et d’aggraver sa blessure en courant, comme contre les Lions. En 2e, il a soit 1) pris confiance ou 2) réalisé que s’il était trop craintif, ils allaient perdre de toutes façons. Je m’attends à ce qu’il commence le match en ne se gênant pas pour bouger, en jouant le tout pour le tout.
Gros duel, beaucoup de talent sur le terrain, à tous les niveaux, dans ce match. Je serai le plus surpris si les Packers peuvent marquer plus de 24-27 points, mais c’est dans le domaine du possible.
Quand les Seahawks ont le ballon : Je m’attends à voir les Hawks utiliser le read-option pour tester la discipline des Packers au point d’attaque hors l’aile. Les hommes de Dom Capers, qui ont eu l’air de poules sans tête deux ans de suite en séries contre Kaepernick et compagnie. Un des fréquents coupables là-dessus est Clay Matthews, qui se fait prendre tellement souvent à ne pas garder le « contain ». Il joue plus à l’intérieur depuis le retour de la semaine de congé, donc sera peut-être moins souvent en position de s’en faire passer une par une attaque qui exploite son agressivité.
Il y a trois choses que les Seahawks font très bien: leur attaque au sol physique, l’habileté de Wilson à briser le « contain », et sa précision sur la longue passe. Souvent ces deux éléments se produisent sur le même jeu, quand c’est le cas (comme la semaine dernière) les Hawks peuvent marquer beaucoup de points mais il y a un aspect aléatoire dans ce style. Sur la longue passe, 6 pouces est souvent la différence entre un TD et une passe incomplète. Quand ça arrive, les Hawks ont de la difficulté à avancer le ballon de manière soutenue.
Les Packers n’ont rien cassé contre la course en première moitié de saison mais justement, depuis que Matthews joue comme ILB (dans leur formation « big nickel, qu’ils utilisent beaucoup), ils ont enlevé une verge par portée à leur moyenne, revirement spectaculaire. Par contre, Marshawn Lynch est une brute qui fait souvent prendre une « décision d’affaires » aux demis-défensifs qui se dressent sur son chemin. Avec 140 plaqués manqués (selon Pro Football Focus), les Packers ont tendance à les échapper, en particulier le jeune S Ha Ha Clinton-Dix, qui y va trop souvent pour le gros « hit » les bras dans le dos mais qui se rend souvent compte après coup que le porteur est encore debout et continue à avancer.
Sur la passe, souvent Wilson fait une première lecture, parfois une deuxième, puis cherche à improviser. L’idéal serait d’éliminer sa première lecture et de le forcer à rester dans la pochette. Wilson est encore un jeune quart qui peut être confondu, et Dom Capers a l’habitude de présenter des défis de lecture aux quarts adverses. Ajoutez à ça de la pression, par l’intérieur par le sous-évalué Mike Daniels face à des gardes plutôt mauvais, et par Peppers (ou Neal ou Perry) contre peu importe qui jouera RT pour Seattle. La tertiaire des Packers vs les WR’s des Hawks est un duel à l’avantage des Packers. J’aime beaucoup le jeune Casey Heyward, un « slot corner » (face au receveur intérieur) qui verra beaucoup de Doug Baldwin ce dimanche.
Une autre grande force des Hawks est leur habileté à fatiguer les défensives adverses, puis de profiter de cette fatigue au 4e quart. Cependant, les Packers utilisent beaucoup de joueurs différents (18 joueurs ont joué au moins 25% des jeux en défense) et limitent le nombre de jeux que chacun passe sur le terrain, ça devrait minimiser l’aspect fatigue.
Un match très prometteur. La talent, l’état de santé et les facteurs intangibles favorisent les Seahawks, mais les Packers représentent un duel difficile pour eux.
Joueurs dont la performance aura un impact crucial sur le match
Green Bay : Randall Cobb, WR
Seattle : Earl Thomas, FS
Colts @ Patriots
Les Colts progressent d’une étape à chaque année sous Chuck Pagano. Cette logique voudrait dire que le Superbowl, ce sera l’an prochain.
1- La statistique intéressante mais qui ne veut rien dire (via @FO_ScottKacsmar) : Dans ses 8 parties de championnat, Tom Brady est 5-3, avec seulement 8 passes de touché et 9 interceptions et un coefficient d’efficacité de seulement 77.4.
2- Depuis que Pagano est aux Colts, ses défensives ont alloué 42, 43 et 59 points dans les trois matches face aux Pats.
3- Rob Gronkowski est un animal.
Quand les Colts ont le ballon : C’est sans doute une des bonnes unités défensives que les Pats ont eu depuis plusieurs années, même avec l’absence de Jerrod Mayo. Jamie Collins est le meilleur joueur que personne (encore) ne connaît. Donté Hightower a connu une excellente saison et il est particulièrement meilleur en couverture de passe que sa réputation. Revis est presque le Revis des beaux jours, et le duo McCourty et Chung est très habile en couverture homme à homme.
J’étais donc très surpris de voir les Ravens bouger le ballon avec autant de régularité la semaine dernière. Les trous pour Justin Forsett étaient béants par moments. Est-ce que les Colts sont capables de courir?
Et qu’est-ce qu’on fait de Revis, on le laisse suivre T.Y. Hilton tout le match? Au premier match c’est Kyle Arrington qui avait cette mission et il a bien fait. Mais depuis Hilton s’est imposé comme LA principale menace des Colts, je m’attends à ce qu’il passe une journée difficile sur le « Revis Island ». On verra plus de Coby Fleener, et je suis certain que Darth Hoodie et Matt Patricia (ou « Delicia », comme dirait Chris DeBurgh) vont diriger la couverture vers lui, ils avaient esseyé Brandon Browner (qui a le physique pour lui faire face) mais ça n’a pas été un succès, quoique cette stratégie CB contre TE, ils avaient utilisé avec brio l’an passé avec Aquib Talib face à Jimmy Graham.
Il faudra donc que les autres receveurs des Colts gagnent les duels contre le reste de la tertiaire. J’admire la carrière que Reggie Wayne a connu, mais il ne lui reste plus de vitesse. Hakeem Nicks aurait dû connaître une carrière comme Wayne, mais n’a jamais eu son éthique de travail et donc s’est détérioré physiquement au point où il n’est déjà plus une menace non plus. Et pour Donté Moncrief, le talent est là, mais la production se fait attendre. Il ne faut pas minimiser l’impact d’une passe parfaite, même face à un couverture étanche, et c’est pour ça que les Colts se sont rendus jusqu’ici : Andrew Luck. J’anticipe un match difficile pour ses receveurs qui auront de la difficulté à se démarquer, surtout si les Colts tirent de l’arrière et sont forcés de lancer le ballon. Mais Luck va faire 3-4 jeux incroyables pour donner une chance à son équipe de marquer, et on sait que s’ils se rendent en zone de placement, Adam Vinatieri n’en manquera pas une par nervosité du moment.
Quand les Patriots ont le ballon: L’unité sous-estimée des Colts, c’est leur DL. Arthur Jones a manqué une bonne partie de la saison mais il commence à montrer des dents. Cory Redding et Ricky Jean-François sont aussi des joueurs sous-estimés. Pagano a réussi à faire générer de la pression sans la présence d’un « edge rusher » dominant, et c’est tout à son honneur. Il peut compter sur un joueur d’élite dans sa tertiaire, Vontae Davis, mais c’est tout.
Alors, comment les Patriots, qui changent d’identité et de plan de match à chaque semaine selon l’adversaire, vont choisir d’attaquer les Colts? Au sol avec des formations à 6 OL comme lors de leur dernier affrontement (qui a oublié les 4 TD de Jonas Gray?), ou par la voie des airs (aucune portée pour un RB en 2e demie la semaine dernière). Je m’attends à revoir les Patriots des années ’50, avec deux TE et une attaque au sol physique que les Colts ne pourront contenir. Seul bémol, l’absence de Bryan Stork laisse un trou béant à l’intérieur de leur OL, déplaçant Ryan Wendell au centre et forçant Josh Kline comme garde partant, ce qui pourrait les empêcher d’établir leur attaque au sol. Kline s’est fait brasser comme une poupée bout’choux la semaine passée. C’est plus facile de masquer un garde inadéquat dans une attaque aérienne basée sur la courte passe que dans une attaque au sol physique. La plus belle opportunité pour les Colts de causer la surprise, c’est ici.
Par contre l’autre « modèle » offensif des Pats pourrait aussi avoir du succès face aux Colts. La courte passe à répétition, qui frustre les joueurs chargés de mettre de la pression et force les secondeurs et demis de sûreté à réussir plaqué après plaqué. Je ne suis pas convaincu que les D’Qwell Jackson, Jerrell Freeman et LaRon Landry sont assez agiles pour s’interposer entre Brady et ses receveurs intérieurs jeu après jeu quand il joue à la courte passe avec Edelman, Gronk, Vereen et Amendola. Et parlant de Gronkowski, que vont faire les Colts avec? Landry est un athlète exceptionnel qui n’a jamais vraiment compris ce que c’était que de jouer au football. Mais athlétiquement, il peut rivaliser avec Gronk. L’ennui, c’est qu’il est tellement susceptible au « play-action » que Gronk pourrait être 3 verges derrière lui avant qu’il ne commence à courir après… et si c’est le cas, c’est trop tard. L’autre option serait, dans certaines situations, d’attribuer la tâche de couvrir Gronkowski à Vontae Davis, mais ce serait une erreur selon moi. Premièrement, Davis domine car il est toujours plus physique que le WR devant lui. Ce ne sera plus le cas face à Gronk. On lui enlèverait son meilleur atout. Ensuite, Davis excelle mais il joue toujours comme RCB, avec les lignes de côté comme son allié. Le placer face à un TE au milieu de la formation le placerait clairement en dehors de sa zone de confort.
Au moins, s’ils laissent Vontae à sa place habituelle, il y a un duel qui favorise grandement Indy, celui de Davis face à Brandon LaFell, qui pourrait ne pas être un facteur dans ce match.
Les Patriots sont un casse-tête pour la défensive adverse car ils peuvent vous battre de tellement de façons, et Brady fait rarement des erreurs. Par contre on a vu des situations où son rythme était brisé, et quand ça arrive on dirait qu’il perd ses moyens le temps d’un ou deux quarts. Faudra que les Colts déguisent leur couverture, le prennant à contre-pieds de temps en temps, et espèrent contenir l’attaque au sol. Grosse commande.
Joueurs dont la performance aura un impact crucial sur le match
Indianapolis : LaRon Landry, S
New England : Josh Kline, RG
