Soyons honnêtes, les séries de la NFL ont déjà plus soulevé les passions. Seuls deux des dix matchs présentés se sont terminés par un écart d’une possession et vraiment, la partie entre les Packers et les Cowboys à Dallas est l’unique qui restera dans les mémoires.
Mais tout ça est terminé. Les Falcons et les Patriots seront en action le 5 février prochain pour déterminer le gagnant du trophée Vince Lombardi et auront comme mandat de sauver ces séries. Ils n’auront toutefois pas volé leur place. D’abord les Falcons ont fait une bouchée d’un adversaire de renom pour une deuxième semaine consécutive. L’attaque dévastatrice de Kyle Shanahan est encore plus performante en séries qu’elle ne l’a été en saison régulière, ce qui est un exploit considérant que les Falcons ont possédé la meilleure attaque de la ligue. Cependant leur vis-à-vis est un habitué des matchs ultimes. Étonnamment, Tom Brady et les Patriots ont eu moins de difficulté contre les Steelers qu’ils en ont eue contre les Texans. Brady sera à la recherche d’un cinquième Super Bowl, ce qui le placerait au premier rang de l’histoire. Sur ce, voici l’analyse des finales de conférence :
Massacre à Atlanta
À l’occasion du dernier match dans l’histoire du Georgia Dome, les Falcons ont organisé tout un party. Pour bien comprendre à quel point ils ont dominé ce match, sachez que les Packers tentaient déjà un botté court et le quatrième quart n’était pas encore commencé. Le fameux festival offensif tant annoncé s’est bien manifesté, mais aura été honoré par une seule des deux équipes.
Dès leur première possession, les Falcons ont donné le rythme à la rencontre et n’ont plus regardé derrière. Usant plus de six minutes au cadran pour franchir les 80 verges qui le séparait de la zone des buts, Matt Ryan lançait la première de ses quatre passes de touché. C’était la première de nombreuses séquences à l’attaque fructueuse, exposant toutes les faiblesses de la défensive des Packers. En tout, sur leurs neuf possessions, les Falcons ont marqué sept fois, dont six touchés. Ryan fut impeccable malgré quelques ballons échappés de ses receveurs, complétant entre autres 10 de ses 13 tentatives en troisième essai, dont 7 en 9 en première demie, lorsque le match était encore à la portée de Green Bay.
Menant 24 à 0 à la mi-temps, les Falcons détenaient une avance qui s’est avéré insurmontable. Les Packers ont bien marqué trois touchés après la demie, mais l’attaque de Matt Ryan en a fait autant. En réalité, l’équipe de Mike McCarthy aurait pu revenir dans le match lors des deux premiers quarts, mais ses nombreuses erreurs lui ont été fatales.
Commençons par l’offensive. Ou plutôt les unités spéciales. Parce que les Packers avançaient le ballon de façon convaincante sur leur première possession, mais Mason Crosby rata un placement, son premier manqué en série éliminatoire en 23 essais. Puis sur leur seconde possession, à la porte des buts, le centre-arrière Aaron Ripkowski échappe le ballon sur une course en puissance. Ce revirement fait d’autant plus mal aux Packers que les Falcons ont marqué le touché sur la possession suivante. Ensuite, sous pression, Rodgers manqua sa passe à Randall Cobb sur un troisième essai et deux verges (sur un jeu trop court de toute façon). Enfin, sur leur dernière possession de la demie, Jordy Nelson échappe une passe de Rodgers pour un long gain. Un sac plus tard, les Packers donnaient le ballon aux Falcons sur une longue interception de Rodgers.
La défensive maintenant. Quoi dire? Au mieux elle fut surmenée, au pire elle fut absolument horrible. Cependant, elle avait les occasions de remettre son équipe dans le match et les a bousillées. Perdant par 17 points, elle a d’abord été incapable de recouvrir une échappée sur un manque de communication entre Matt Ryan, son centre et Taylor Gabriel. Jake Ryan avait le ballon dans ses mains, mais fut incapable de le sécuriser et le ballon se retrouva dans les bras de Gabriel. Puis, tour à tour, Marwin Evans et LaDarius Gunter ont laissé une interception leur filer entre les mains. Les Falcons en ont profité pour marquer sept autres points.
Tout ce qui s’est passé après la demie était secondaire. Les Falcons ont rapidement pris les devants par 31 points et les Packers ont marqué tous leurs touchés dans ce qu’on appelle en jargon de football le garbage time. À noter également que Ty Montgomery s’est blessé en début de match, forçant les Packers à complètement abandonner le jeu au sol.
Malgré les maux offensifs et défensifs des Packers, tout le mérite revient aux Falcons. Rappelons que cette unité joue depuis la neuvième semaine sans son meilleur joueur en Desmond Trufant et réussit tout de même à réaliser des jeux importants : sacs, interceptions, échappées. Face aux Packers, la défensive a constamment dérangé Aaron Rodgers, qui semblait incapable de se donner plus de temps comme il le fait d’habitude. Dan Quinn s’est inspiré de ses jours à Seattle pour lui mettre de la pression à l’aide de nombreux blitz, rendant la vie plus facile pour la jeune tertiaire de l’équipe, qui s’est fort bien débrouillée.
Enfin, je ne pourrais conclure l’analyse de ce match sans parler de Julio Jones. Le receveur vedette des Falcons a suivi sur les traces de Dez Bryant en humiliant le pauvre LaDarius Gunter. Jones a récolté 180 verges et deux touchés sur neuf réceptions, dont un minimum de trois attrapés spectaculaires.
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Les Patriots trop forts pour les Steelers
Le match en Nouvelle-Angleterre s’est avéré plus serré que le précédent, mais uniquement par défaut. Les Steelers se sont accrochés un peu plus longtemps que les Packers, un quart de plus, mais n’ont guère été plus impressionnants. La blessure à Le’Veon Bell a fait très mal à l’équipe, mais rien n’excuse la gênante performance défensive. À 39 ans, Tom Brady aura pleinement mérité sa septième participation au Super Bowl, jouant un match sans fautes ou presque.
Si l’écart était de 24 points à la demie à Atlanta, celui de ce match n’était que de huit points. Les Steelers avaient la possibilité de remontée, surtout lorsque Tom Brady s’est fait arracher le ballon sur une faufillade du quart. Les arbitres ont toutefois dit que son genou était au sol lors de l’échappée et ont jugé que la reprise vidéo était insuffisante pour renverser le jeu. On aurait aimé un peu plus de détails sur le verdict, mais vu la décision initiale, il était pratiquement impossible de renverser la situation.
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Les Pats ont ensuite marqué 16 points sans ripostes au troisième quart et le match était terminé avant le dernier 15 minutes de jeu.
Il y avait une tendance marquante lorsque les Patriots avaient le ballon, celle où Tom Brady lançait à des receveurs complètement démarqués. À plusieurs reprises, Brady a atteint Chris Hogan alors que le joueur des Steelers le plus près était à au moins un mètre. Hogan et Julian Edelman ont facilement trouvé les brèches dans la défensive de zone de Pittsburgh, obtenant gain important après gain important. À certains moments, l’unité de Keith Butler ressemblait à une équipe d’entraînement pour les Pats. Par exemple, sur la séquence à l’attaque qui a mené au premier touché des Patriots, Brady a changé un jeu à la ligne de mêlée après avoir détecté une confrontation inégale. Résultat : gain facile de 26 verges à Hogan, dont le couvreur le plus près était un secondeur.
En fait, mélanger la défensive des Steelers n’avait pas l’air d’un exercice particulièrement difficile. En plus de laisser les receveurs complètement seuls, les joueurs des Steelers ont été incapables de mettre de la pression sur Brady (quoiqu’on peut donner le crédit à la ligne offensive des Patriots). Puis, lorsque Brady complétait une passe à l’un de ses receveurs démarqués, c’était l’ode au plaqué manqué. On pense entre autres à Artie Burns et Lawrence Timmons sur le premier long gain du match d’Edelman et plus tard Sean Davis sur un autre long gain d’Edelman.
Comme si ce n’était pas suffisant, sur le seul jeu truqué des Patriots dans tout le match, un Flea Flicker (la remise au porteur de ballon, qui redonne le ballon au quart-arrière pour une longue passe), le maraudeur Mike Mitchell mord à la feinte de remise au porteur de ballon, laissant Hogan (encore lui) seul dans la zone des buts. Et même lorsque les Steelers, par miracle, provoquaient un bon jeu, la situation allait contre eux (ex. l’échappée de Tom Brady).
La saison des Steelers aurait tout de même pu être sauvée si l’offensive avait marché à plein régime. Ce qu’elle n’a pas fait. Le’Veon Bell s’est blessé à l’aine en début de match et l’offensive au complet a ressenti les effets. Oui les Steelers ont un bon remplaçant en DeAngelo Williams, mais Bell est un talent unique, dont les habiletés peuvent changer l’issue d’un match, en plus d’être bien meilleur sur le jeu aérien. Avec la blessure de Bell, la défensive des Patriots a limité Williams à 34 verges sur 14 courses, forçant les Steelers à lancer beaucoup plus souvent qu’ils l’auraient voulu.
On dit de Bill Belichick qu’il a le don d’éliminer l’élément le plus important de l’autre équipe. Sans Bell, Belichick a pu se concentrer sur Antonio Brown. Le receveur a eu un impact marginal sur la partie, étant constamment en double couverture (Malcolm Butler avec l’appui d’un maraudeur). Une stratégie judicieuse considérant la qualité des autres receveurs de l’équipe. Seul Eli Rogers s’est démarqué un peu plus, mais a échappé le ballon à un très mauvais moment.
J’ai parlé du manque d’opportunisme la semaine dernière et c’est un thème qui est revenu pour les Steelers cette semaine. À la fin de la première demie, après un touché renversé de Jesse James, le ballon est placé à la ligne de 1 des Patriots. Les Steelers sont incapables de marquer sur les trois jeux suivants et doivent se contenter d’un placement. L’écart était encore de huit points, mais l’effet psychologique d’être encore une fois bloqué à la zone des buts a fait mal à l’équipe de Mike Tomlin.
