Première chose avant tout : la défensive gagne les championnats. On l’oublie trop souvent. Une équipe aussi excitante et polyvalente à l’attaque, avec un meneur charismatique en Cam Newton, nous charme tellement que l’on ose penser qu’un match du Super Bowl est gagné d’avance. Tout comme il y a 2 semaines, où personne n’accordait de chance à la troupe de Gary Kubiak de vaincre les Patriots, les Broncos ont dominé leur adversaire en étalant tout le talent de sa défensive, accompagné d’un solide jeu au sol.
Ensuite, félicitations à Peyton Manning. Le futur membre du temple de la renommée, et sans aucun doute l’un des 5 meilleurs quarts-arrière de l’histoire, obtient un deuxième titre dans son illustre carrière. En fait, on félicite surtout cette carrière, durant laquelle il aura eu une influence sans précédent sur le développement de la ligue, et de la position de quart-arrière. Bien que sa retraite ne soit pas encore officielle, on peut dire qu’elle est officieuse. Et si l’on félicite sa carrière, et non sa victoire, c’est parce qu’il n’aura pas été la raison de celle-ci. Loin de là.
En fait, les 24 points marqués par les Broncos peuvent être trompeurs. Ils sont surtout le résultat d’une féroce défensive, mené par celui qui a pleinement mérité son titre de joueur par excellence, Von Miller. L’attaque des Broncos n’a réellement généré que 6 petits points. Les 2 touchés qu’ils ont marqué auront été le résultat des 2 échappés de Cam Newton, les 2 provoquées par ce même Miller, qui, entre 2 puffs d’oxygène, était phénoménal une fois de plus. De plus, l’un des placements fut le résultat d’un drôle de jeu lors d’un botté de dégagement, où l’unité des Panthers s’est endormie sur le jeu. Pour une raison inconnue, les joueurs pensaient que le retourneur des Broncos Jordan Norwood avait fait le signal pour avoir l’immunité (ce qu’il n’a pas fait). Norwood en a profité pour ramener le ballon sur une distance de 61 verges, et 3 jeux plus tard le placement fut réalisé. L’unité défensive des Broncos fut impeccable dans son ensemble (à l’exception d’Aqib Talib, dont les nombreuses gaffes auront finalement été sans conséquence).
Les 2 échappées provoquées par Miller auront vraiment été cruciales dans cette partie. Le premier fut recouvert dans la zone des buts par Malik Jackson, donnant les devants à son équipe par 10 points, ce qui força les Panthers à jouer du football de rattrapage dès le début du match. Le second fut également recouvert par les Broncos, à la fin du quatrième quart alors qu’il n’y avait qu’une possession de différence, mais à 4 verges de la zone des buts cette fois-ci. C.J. Anderson s’est occupé du reste, y allant d’une belle course pour enfoncer le clou dans le cercueil des Panthers. Les bloqueurs des Panthers Michael Oher, et surtout Mike Remmers, n’avaient aucune réponse à Miller et DeMarcus Ware. Un peu comme Tom Brady, Cam Newton s’est fait constamment frapper pendant la rencontre, affectant grandement son rendement.
Quant à Manning, il est assez apparent, comme il le fut pendant toute la saison, qu’il n’est plus le joueur qu’il était. Il a bien commencé le match, menant les Broncos à un placement sur leur première possession, mais dans l’ensemble, ce fut assez laborieux. Non seulement l’attaque des Broncos ne généra que 11 premiers essais dans tout le match, mais ils ne convertirent qu’une seule des 14 tentatives en troisième essai. En plus de son échappée recouverte par les Panthers, et de son interception, Manning manqua plusieurs de ses receveurs. Enfin bon, c’est peut-être un juste retour du balancier, alors qu’à ses meilleurs moments avec les Colts, sa défensive faisait rarement le boulot.
Du côté des Panthers, ils se sont tirés dans le pied à de nombreuses occasions, incapable de profiter des largesses offensives de leur adversaire. Chaque fois que l’on trouvait un peu de rythme en attaque, on gaffait par la suite. Les échappées provoquées par Miller n’ont pas aidé, mais on dénote plusieurs autres erreurs. :
– Les attrapés manqués par Jerricho Cotchery (j’y reviendrai).
– Un ballon échappé par Mike Tolbert alors que les Panthers semblaient bien parti pour aller marquer un touché.
– Un placement raté de Graham Gano sur la possession initiale du deuxième quart, qui aurait ramené la partie à 3 points d’écart.
– Un ballon dévié sur Ted Ginn pour causer une interception à la porte des buts.
Ces erreurs furent très importantes, car la plupart se sont déroulées dans le territoire des Broncos. De plus, on peinait à se donner du rythme sur le jeu au sol, qui est techniquement la force des Panthers. Jonathan Stewart, qui était incapable de gagner une verge sur les premiers essais (dû surtout à l’excellent travail du front défensif de Denver), finit sa journée avec une piètre moyenne de 2,4 verges au sol. Le jeu au sol des Panthers était au mieux quand Cam Newton lui-même effectuait des courses, mais à force de prendre des coups, il était plus réticent à courir avec le ballon vers la fin du match.
Enfin, comme c’était soirée de remise de trophées samedi dans la NFL, j’ai pensé y aller de quelques remises pour ce match :
Meilleur joueur offensif de l’équipe gagnante : C.J. Anderson
Je n’ai jamais été un grand partisan de Gary Kubiak, mais sa décision d’utiliser principalement C.J. Anderson comme porteur de ballon était la bonne. Rien contre Ronnie Hillman, mais cela faisait plusieurs matchs qu’Anderson était le meilleur des 2 porteurs de ballon. Dans un match où l’attaque était au second plan, Anderson aura connu de très bons moments malgré une moyenne de verges par course assez ordinaire. De plus, il réussit une superbe course, alors qu’il avait 3 joueurs des Panthers sur le dos, pour franchir les 2 verges qui le séparait de la zone des buts au quatrième quart, et ainsi sceller la victoire de son équipe.
La découverte : Kony Ealy
Chaque année, le Super Bowl nous permet de découvrir un joueur que l’on connaît moins, qui vient mettre son empreinte sur le match. Il y a 2 ans, c’était le secondeur des Seahawks Malcolm Smith, qui, jouant dans l’ombre de Bobby Wagner et K.J. Wright, a profité du Super Bowl pour se faire un nom à travers la ligue, et est maintenant rendu le meneur du groupe de secondeurs avec les Raiders. L’an dernier, c’est le cinquième demi de coin dans la hiérarchie des Patriots, un certain Malcolm Butler, qui a profité des projecteurs du match le plus important. Cette année, c’est Kony Ealy qui reçoit l’honneur. Il aurait certainement obtenu le titre de joueur le plus utile si les Panthers l’avaient remporté. Il a constamment mis de la pression sur Manning, obtenant 3 sacs du quart, en plus d’une interception, d’un échappé provoqué ainsi qu’un échappé recouvert. Choix de deuxième ronde en 2014, Ealy se voulait le remplacent de Greg Hardy, et s’il joue la prochaine saison comme au Super Bowl, le front défensif des Panthers sera assurément en bonne santé pour l’avenir.
Joueur le moins utile à son équipe : Jerricho Cotchery
Ce n’est pas tant que Cotchery ait échappé 3 passes, mais plutôt les moments où il les a échappées. Celui qui en est à sa onzième saison dans la NFL (surprenant, non?) aura connu une piètre performance au pire moment. Il a d’abord jonglé avec le ballon sur une belle passe de Cam Newton. Le jeu était assez serré, et Ron Rivera décida de contester la décision, mais on jugea que la pointe du ballon toucha à la surface de jeu. Ce fut grandement important, car 2 jeux plus tard, Von Miller arracha le ballon des mains de Newton. Sur la possession suivante, Cotchery ne réussit pas à maîtriser une passe sur un troisième essai, alors que les Panthers entraient en territoire ennemi. Enfin, il échappa un troisième ballon sur la première possession de la deuxième demie, un attrapé difficile, alors qu’il était couvert par nul autre que Miller, mais qui aurait dû être complété. En plus, s’il avait complété l’attrapé, les Panthers auraient été à la ligne de 6 des Broncos, près à marquer un touché qui leur aurait donné les devants. À la place, Cotchery dut regarder Graham Gano manquer son placement.
Héros obscur des séries 2016 : Britton Colquitt
Pourquoi ne pas conclure cette analyse avec un botteur de dégagement. Oui, oui, un botteur de dégagement. Parce que Colquitt, comme la plupart des joueurs à sa position, travaille souvent dans l’ombre de ses coéquipiers. Et dans une équipe qui mise autant sur les performances de sa défensive dans ses succès, il est grandement important de remporter la bataille du positionnement sur le terrain. De plus, chacun des matchs disputés par les Broncos dans ces séries fut très serré, donc, des détails tel un bon botté de dégagement vont souvent faire la différence. Comme l’attaque de Denver ne fut pas très efficace, Colquitt dût effectuer 23 bottés de dégagement dans ces séries, ce qui est le plus depuis Ken Walter avec les Patriots de 2001. En étant d’une constance remarquable dans ses bottés, Colquitt a régulièrement donné une belle marge de manœuvre pour sa défensive. Comme si elle en avait besoin!
Sur ce, la saison 2015-2016 est maintenant terminée! En espérant que vous aurez eu du plaisir à regarder la NFL, et à nous suivre sur leblitznfl.com. On s’embarque maintenant dans une période de 8 mois, où chacune des 32 équipes retrouvera l’enthousiasme de l’entre-saison, et dont les partisans pourront rêver que leur équipe préférée soit la prochaine à soulever le trophée Vince Lombardi.
