La semaine passée, je (@LeMaraudeurNFL) tweetais ceci :
Je souhaite presque que les Colts finissent 6-10, 6-0 dans la division, au 1er rang. Absurdité ferait p-ê enfin changer le format des series
— LeMaraudeurNFL (@leMaraudeurNFL) 28 Octobre 2015
Ça peut sembler utopique, mais les Colts sont 3-5, soit 3-0 contre les pathétiques membres de leur division, et 0-5 contre le reste de la ligue. Mais la beauté de ce système injuste, c’est que s’ils se replacent ne serait-ce qu’un tout petit peu, ils auront la chance de jouer à la maison en janvier et donc seraient bien placés pour avancer en séries.
Car après trois saisons pour le duo Pagano/Luck, tous les rêves étaient permis. Participation en séries la première saison, victoire en séries la 2e, présence au match de championnat la 3e saison (ont mangé toute une volée, mais quand même, ils se sont rendus). 2015, c’était la saison pour se rendre au Superbowl : on avait rajouté des vétérans (Gore, Andre Johnson, Trent Cole…) qui allaient faire la différence.
Et puis, on a cette saison qui ressemble plus à un feu de poubelle qu’à une marche vers le championnat.
D’abord, ça a aussi commencé par un repêchage à s’en gratter la tête par le DG Ryan Grigson. Avec l’arrivée de Johnson et le développement de Hilton et de Montcrief, la seule position où ils n’avaient pas besoin de renfort, c’est WR. Et il s’en va prendre Philip Dorsett en 1ere ronde.
Donnons quand même crédit à Grigson pour ses choix de DT/DE Henry Anderson (3e ronde) et DT David Parry (5e ronde). Parry s’est fait dominer par Max Unger et les Saints, mais ensemble ils ont rétabli la crédibilité du milieu de la DL des Colts.
Reste qu’on a senti le conflit entre Grigson et Pagano dès le repêchage. Ensuite, les Colts auraient fait une offre de contrat dérisoire à Pagano, qu’il a refusé, le laissant à sa dernière année de contrat, ce qu’on voit rarement dans la NFL, justement parce que c’est une distraction.
Ils ont chèrement vendu leur peau face aux Panthers lundi soir sous la pluie torrentielle, mais avec un duel face aux redoutables Broncos qui les sépare d’une semaine de congé (et possiblement d’une fiche de 3-6), les rumeurs commençaient à circuler que Pagano devait gagner un de ces deux matches avant le bye de peur d’être remplacé. Le geste posé aujourd’hui, le congédiement de Pep Hamilton pour le remplacer par Rod Chudzinski, peu sembler mineur, mais il est rempli de symbole : Hamilton est venu de Stanford l’année après Luck, sans doute sous l’influence de Grigson. Chudzinski fait partie de la grande famille de football de l’université de Miami, dont Chuck Pagano est un membre important. C’est donc une victoire pour Pagano.
Dans les dernières saisons, les Colts ont gagné malgré un groupe de joueurs de #2-#53 parmi les plus faibles de la ligue, en fonction de 3 éléments à mon avis. #1 Andrew Luck, #2 de l’opportunisme en fin de match et #3, une division très faible. Le 3e est plus vrai que jamais (je ne serais pas opposé à un classement de puissance qui placerait les Titans, Jaguars et Texans aux postes #32, #31 et #30). Les 4 équipes de la AFC Sud sont 4-16 contre le reste de la ligue. Et deux des victoires sont contre les Buccanneers, rien pour écrire à sa mère.
Pour les deux premières raison du succès passé des Colts, comme on dit en Québécois, « la chaîne a débarqué ». Solide.
Luck est blessé à l’épaule (et aux côtes?) mais il semble aussi avoir régressé dans son habileté à fonctionner dans une pochette encombrée, alors que l’an passé il semblait ne pas être dérangé par tout le trafic à ses pieds. Il a aussi été victime d’une crampe au cerveau de Hamilton, qui avait l’air de croire en début de saison qu’il pouvait reculer Luck en 7-step drop derrière cette OL. Ils se sont ajustés un peu dans les dernières semaines, mais tactiquement, c’était une erreur.
L’ennui, c’est que si on veut protéger Luck un peu plus, il faudra être capable de courir, et la OL est mal équipée pour faire ce travail, se classant présentement dans le dernier tiers de profootballfocus.com en terme de blocs au sol, et ce, même si les défensives adverses ne respectent pas leur jeu au sol sachant qu’ils doivent passer puisqu’ils sont en retard.
Et quand ton QB est humain, que le reste de l’équipe est plutôt moyenne, et que le coach est sur la corde raide, tout le monde marche les fesses un peu serrées et ça fait que les grands « comebacks », qui nécessitent un mélange de talent, de confiance et de fortitude intestinale, et bien c’est plus difficile.
J’ai tendance à prendre le bord de Pagano dans cette chicane. Le geste d’aujourd’hui nous confirme un peu que M. Irsay pense comme moi. C’est le genre de coach en chef que j’aime, pas un expert de X’s et O’s mais un type PDG, gestionnaire leader et motivateur. Ses défensives (il est un ancien dc) n’ont jamais dominé, mais on lui a rarement donné des outils pour opérer une défense, pendant que Grigson lui fournissait à fort prix des Erik Walden, Bjorn Werner, Laron Landry et autres minounes. Pour la première fois j’ai aimé les embauches de cet hiver, comme Johnson et Gore, et c’est Pagano qui les a recrutés, comme il l’avait fait jadis pour que ceux-ci se joignent aux Hurricanes de l’université de Miami à la sortie de l’école secondaire. (D’ailleurs, le poste des Hurricanes étant disponible, on raconte que Pagano pourrait être tenté de faire un Jim Harbaugh de lui-même).
S’ils le gardent, il va falloir qu’il corrige plusieurs choses rapidement. La défense est trop prévisible. L’attaque est trop gourmande, cherchant le gros jeu à tout prix. Le retour en santé de Luck et de la production de la part de Robert Mathis sont des prérequis. Mais le fait qu’on soit encore aussi dépendant de Luck et qu’on ait pas réussi à obtenir le successeur de Mathis à ce jour sont dans la cour du GM. On tourne en rond.
Rien n’indique que les Colts pourront avancer le ballon face aux Broncos la semaine prochaine. Mais après leur bye, il leur restera leurs trois « adversaires » de division, plus les Bucs, donc 4 matches très faciles dont 3 à la maison. Les autres matches sont difficiles, des visites à Atlanta, Pittsburgh et Miami. Ma prophétie d’un club de 6-10 en première place s’annonce de plus en plus plausible…
