Au mois d’avril, soit un peu avant le repêchage 2015 de la nfl, je vous ai brièvement parlé de Rakeem Cato. C’était à l’occasion du palmarès des quarts-arrières que je rédige annuellement en vu du repêchage de la nfl (dont vous trouverez le lien ici). Cato était un de mes quarts universitaires favoris au cours des dernières années et je tenais à l’inclure dans mon palmarès même si ses chances d’être repêché (à cause de sa petite taille) étaient faibles.
En résumé, voici ce que j’écrivais sur Cato : « Je m’amuse ici, Rakeem Cato ne jouera jamais dans la nfl. Les quarts arrières 175 livres avec un bras moyen n’attirent pas l’attention de la nfl… mais Cato, qui a mené l’université Marshall à un fiche de 23-5 au cours des 2 dernières années est un quart super intelligent qui sait comment gagner des matchs de football ». Et je continuais ainsi : « Si j’étais Jim Popp (Dg des Alouettes), j’aurais déjà eu des conversations avec son agent. Il y’aurait de la place dans la ligue canadienne de football pour un quart intelligent et un gagnant comme Cato ».
Le hasard a fait que, effectivement, Popp a contacté Cato et que celui-ci est actuellement avec les Alouettes. Plus que ça, à cause des blessures (et de l’inefficacité admettons-le) de Jonathan Crompton, la porte s’ouvre toute grande et Cato pourrait même obtenir une opportunité de jouer dès ce vendredi contre Calgary.
Le chemin est encore long pour Cato et rien n’est encore certain. Pour obtenir la chance de jouer Cato devra notamment supplanter un autre quart recru, Brandon Bridge (dont je vous parlerai brièvement plus loin dans ce texte), ce qui ne sera pas chose facile.
Probablement que Bridge mériterait également qu’on lui dédie également un texte complet car son histoire n’est pas moins intéressante que celle de Cato. Et j’aurai peut-être la possibilité de le faire ultérieurement. Par contre, actuellement, Cato m’apparaît comme le quart le plus talentueux actuellement dans la formation des Alouettes (incluant les vétérans) et c’est pour ça que je veux en parler.
Entendons-nous sur une chose : il est risqué d’écrire ce genre d’article à ce stade-ci car rien n’est assuré pour Cato. Il pourrait ne pas avoir sa chance. Ou alors obtenir sa chance et connaître des difficultés (n’oublions pas que Cato n’a jamais joué au niveau professionnel et que le niveau de jeu est différant de celui de l’université). Il aurait été plus sage d’attendre. Par contre, vous le savez, je ne crains jamais de prendre ce genre de risque. Je n’aime pas tellement les gens qui attendent qu’un joueur performe pour ensuite dire : « je vous l’avais dit ». C’est trop facile et il n’y a aucun intérêt à faire ça. Il est beaucoup plus amusant d’anticiper et, justement, le but est de s’amuser. Qu’on ait raison ou tort, peu importe.
En espérant que ce texte vous aidera à mieux connaître et apprécier Rakeem Cato.
Les qualités de Rakeem Cato
La 1ère fois que j’ai vu jouer Rakeem Cato, c’est un peu par accident, je dois l’admettre. En fait, c’est Aaron Dobson, futur choix de 2e ronde de la nfl, que je voulais voir évoluer. J’ai trouvé Dobson très médiocre, mais j’ai été impressionné par le jeu de Cato que j’ai continué à suivre par la suite.
Ce qui m’a frappé de Cato se sont ses qualités mentales et non pas physiques. A 6 pieds et 175 livres, Cato ne possède pas le physique typique d’un quart professionnel. Son bras est assez puissant pour effectuer toutes les types de passes, mais sans plus. On s’entend qu’à 175 livres, il est impossible de posséder un bras « à la Joe Flacco ».
En revanche, Cato possède une intelligence du jeu et un sens de l’anticipation supérieurs Il lit bien les défensives adverses et est décisif avec le ballon (c’est-à-dire qu’il prend des décisions rapides). Cato s’ajuste rapidement aux défensives adverses et ne garde jamais le ballon dans ses mains très longtemps. Peu importe la ligue (nfl, cfl), c’est la clé pour connaître du succès chez les professionnels A ce niveau, Cato ne devrait pas avoir de problèmes à s’ajuster à la vitesse de jeu des professionnels car il jouait déjà à la vitesse d’un pro lorsqu’il était à l’université. Ce que Cato ne possède pas au niveau des qualités athlétiques et de la puissance du bras, il le compense avec son sens de l’anticipation et son intelligence.
Le leadership de Cato mérite également d’être souligné. Il a été un gagnant autant à l’université (championnat de la conférence USA en 2014, 3 victoires en 3 présences dans des matchs de « bowls » au cours de ses 4 saisons à l’université), qu’à l’école secondaire (ou il détient la plupart des records de son district).
Carrière universitaire
Peu de gens le savent, mais Cato est un des quarts arrières les plus productifs de l’histoire de la NCAA. En effet, il détient la plupart des records importants de l’université Marshall (devant des joueurs comme Chad Pennington et Byron Leftwich, deux anciens de la nfl) en plus de se classer dans le top 10 de l’histoire de la NCAA dans la plupart des catégories importantes (avouez que vous êtes un peu surpris, non?).
Le plus haut fait d’arme de Cato est probablement de détenir le record de la NCAA (FBS) pour le plus de matchs consécutifs avec au moins une passe de touché (46), surpassant la marque d’un certains… Russell Wilson (38-réalisé avec North Carolina State et Wisconsin). Voilà qui en dit long sur la régularité de Cato.
En carrière, Cato a réalisé un total de 14079 verges par la passe ce qui est un record pour l’université Marshall (bon pour le 8e rang de l’histoire de la NCAA). Il a également lancé 131 passes de touchés (également un record de l’université Marshall et bon pour le 4e rang de l’histoire de la NCAA) contre seulement 44 interceptions (ce qui représente un excellent ratio de 3 passes de touchés pour une interception).
Au cours des deux dernières années, Cato a mené les Thundering Herds, à une fiche combinée de 23 victoires 5 défaites tout en remportant le championnat de la conférence USA en 2014. En carrière Cato a mené les Thundering Herds a 3 matchs de « bowls » qu’il a tous les 3 gagnés (étant nommé 2 fois mvp).
Je vous l’avais dit, Cato n’est pas un « pied de céleri » comme le veut l’expression consacrée. Il n’a probablement pas reçu la publicité qu’il méritait et c’est pour cette raison qu’il est un peu méconnu, mais sur le terrain, il est l’un des meilleurs quarts que la NCAA ait connu au cours des dernières années.
Cato vs Bridge
Pour espérer devenir un jour le partant des Alouettes, Cato devra éventuellement supplanter une autre recrue, Brandon Bridge, ce qui ne sera pas chose facile.
A l’inverse de Cato, Bridge n’a pas connu une grande carrière universitaire. Il n’a joué que deux ans en première division (FBS). Durant ces deux saisons, il a lancé un total de 2325 verges (dont 1927 verges en 2014) avec 16 passes de touchés pour 10 interceptions. Plus important encore, Bridge n’a complété que 50% de ses passes à South Alabama, ce qui n’est pas très bon signe. Habituellement, les quarts qui complètent moins de 50% de leurs passes ne connaissent pas de grandes carrières professionnelles, mais il y a toujours des exceptions.
J’admets que je ne connais pas Brandon Bridge aussi bien que je connais Rakeem Cato. Mais ce que je retiens de lui c’est qu’il prend trop de temps à lire le jeu et qu’il garde le ballon dans ses mains trop longtemps. Il a tendance à être « en retard » sur le jeu et à lancer « derrière » ses receveurs de passe. Il devra corriger ces lacunes s’il veut obtenir du succès chez les pros et ça peut prendre du temps.
En revanche, et contrairement à Cato, Bridge possède des qualités physiques impressionnantes. A 6 pieds 5 et 235 livres, Bridge possède un bras puissant. Il peut courir avec le ballon ce qui amènerait une autre dimension à l’offensive des Alouettes. Malgré le fait que Bridge a du travail à faire au niveau de l’aspect mental du jeu et surtout au niveau de sa prise de décision (ce dont la direction des Alouettes est bien consciente soyez en assurés), beaucoup de gens espèrent probablement que Bridge saura se développer en une sorte de Ben Roethlisberger, avec qui il possède certains traits communs autant au niveau du physique que du bras.
On comprend la direction des Alouettes et certains fans d’être excité par le potentiel de Bridge et il est évident que tout sera mis en place pour lui permettre de se développer. Personnellement, j’avoue que la possibilité de voir un quart d’origine canadienne diriger l’attaque des alouettes m’enthousiasme particulièrement. Ce serait une belle victoire pour le football d’ici.
Par contre, il faut reconnaître que le talent et l’efficacité doivent passer avant l’origine du joueur. A ce niveau, Rakeem Cato se démarque des autres quart arrières actuellement dans l’alignement des Alouettes (y compris Bridge) de pas la qualité de ses décisions, son sens de l’anticipation et son « football IQ ». C’est pour ces raisons que je crois que Cato est mieux préparé à diriger une offensive professionnelle que Bridge.
En conclusion
S’il veut devenir quart-arrière partant des Alouettes, Rakeem Cato devra faire ce qu’il a accomplis toute sa vie : battre des quarts-arrières plus imposants physiquement que lui. Il devra commencer par devancer un favoris du publique, l’autre quart recrue Brandon Bridge ce qui sera difficile.
Mais déjouer les pronostics des experts, Cato a fait ça toute sa vie. Le pourra-t-il cette fois?
Une chose est certaine : si Cato obtient éventuellement sa chance et s’il performe à la hauteur du talent qu’il a démontré à l’université Marshall, la question du quart-arrière partant des Alouettes aura trouvé sa réponse pour plusieurs années.
Et avouez que le fait d’avoir du sang neuf à la position de quart-arrière des Alouettes, peu importe que ce soit Bridge ou Cato, ferra le plus grand bien.
D’une façon ou d’une autre, et peu importe la façon dont « l’aventure » de Cato se terminera à Montréal, Jim Popp et son équipe méritent de grandes félicitations pour l’avoir attiré à Montréal. « Le jeu en vaut la chandelle » comme le veut l’expression consacrée.
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