Le Temple de la renommée du football professionnel a maintenant un botteur de dégagement. De plus en plus de receveurs et de joueurs spécialistes des sacks. Mais une des positions qui a mis le Temple sur la carte, le porteur de ballon, est en forte perte de vitesse. Il y a 29 porteurs à Canton, la position la plus représentée. Ça achève.
Historiquement, le Temple a accordé plus de valeur à de longues solides carrières (Curtis Martin) qu’à quelques saisons dominantes (Terrell Davis, Roger Craig), une réalité que j’ai souvent critiqué – et qui risque de transformer le porteur de ballon au Temple en une espèce en voie de disparition. La nouvelle réalité de la NFL, c’est que 1) l’attaque aérienne prends de plus en plus de place (35.4 passes par match en 2013, vs 25 en 1977) 2) les équipes ont tendance à utiliser plusieurs porteurs et partager le travail pour les garder plus frais et explosifs, et également pour maximiser leurs talents (combiner des Darren Sproles avec des Mark Ingram et enfin 3) le jeu de plus en plus physique raccourci la carrières. Un argument économique s’ajoute maintenant : les porteurs sont repêchés plus loin, donc leurs contrats de recrues sont très modestes. Les équipes ont tout intérêt à les utiliser à outrance pendant leurs 4 premières années, et en disposer après pour les remplacer par un jeune choix de 2e/3e ronde pour des peanuts, au lieu de leur payer un 2e contrat.
Cette année, il n’y avait qu’u seul RB parmi les 15 finalistes, Jerome Bettis. Bettis a accumulé 13 662 verges en carrière, 6e de l’histoire, une carrière de 13 saisons, la grande majorité de celle-ci il était le porteur #1 de son équipe. Il a fait le Pro Bowl 6 fois et l’équipe All-Pro 2 fois. Bref, il a tout ce que le Temple recherche, une longue carrière, des statistiques, un Superbowl, une notoriété venant de sa personnalité, de son université à Notre Dame et de son association avec les Steelers, une des franchises les plus en vue de la ligue. C’est discutable s’il a vraiment été absolument dominant (mon critère), mais c’est indéniable qu’il a accumulé les saisons très productives.
Il n’a pas été élu, le Temple a l’air de penser de 13 000 verges, ce n’est plus assez. Les verges en carrière ne sont pas le seul critère, bien entendu, mais ça donne une bonne idée.
Sean Alexander a battu le record de touchés en une saison, gagné le MVP, été nommé sur la 2e équipe d’étoile de la décennie 2000, traîné une équipe au Superbowl sur ses épaules, accumulé plus de 9 000 verges en 7 saisons comme RB #1 et 9 453 verges en tout en carrière, soit plus que Larry Czonka et Earl Campbell, entres autres, qui sont au Temple. Il était éligible pour la première fois cette année. Il n’a même pas été retenu parmi les 25 semi-finalistes. Vingt-cinq. Le message est clair, il ne sera jamais considéré. Tout comme Eddie George, Corey Dillon, Ricky Watters, Warrick Dunn et Tiki Barber, des porteurs ayant accumulé plus de 10 000 verges, qui sont éligibles de puis quelques années et qui ne sont pas non plus dans les 25 semi-finalistes. Même s’il n’a pas les meilleures statistiques, je crois que George est le seul du groupe qui mérite considération.
Edgerrin James, actuellement 11e dans l’histoire pour les verges au sol avec 12 246. Il sera éligible en 2015. Je doute qu’il soit pris au sérieux, puisqu’on va attribuer (avec raison) son succès à la présence de Peyton, bien qu’il ait été préféré à Alexander comme RB dans la 1ere équipe d’étoile des années 2000.
LaDainian Tomlinson est éligible en 2017. Il est présentement 5e en carrière pour les verges, a pulvérisé le record de touchés en une saison et est 2e pour les touchés en carrière. Il devra être élu à son premier tour.
Ensuite? Qui va accumuler des statistiques et la longévité nécessaire? Outre Tomlinson et James, seul Fred Taylor (11,695 verges, éligible en 2016) a plus de 11 000 verges. Il ne mérite pas de considération selon moi. Steven Jackson est le leader parmi les joueurs actifs, avec 10 678. Il lui reste peut-être une, maximum deux saisons, et n’a rien fait de particulier dans sa carrière. Il n’a pas de chances. Même chose pour Frank Gore, qui a 9 967 verges mais a 31 ans.
Gore est un cas qui illustre bien ce qui se passe : il a été un RB partant toute sa carrière sauf son année recrue. Il n’a manqué que 11 matches en carrière, et a toujours été productif, a maintenu une moyenne de 4,6 verges (très solide), a connu 5 saisons avec plus de 40 réceptions, en plus de toujours avoir été un excellent bloqueur. Une très belle carrière à ce jour. Son contrat se termine cette année, il a 31 ans, les 49ers ont investi un choix de 2e ronde en Carlos Hyde cette année, tout indique que 2014 sera sa dernière saison, et personne ne va lui offrir une job de partant l’an prochain. Ses chances de gagner un autre 2 000 verges sont très faibles.
Les RB’s n’ont pas plus que 7-8 saisons somme RB partant, avant d’avoir 30-31 ans et se faire montrer la porte. Pour rejoindre Bettis (13 667), ils doivent atteindre disons 13 000 verges durant ces 8 saisons et accumuler un autre 600 en une ou deux saisons comme 2e violon. C’est 1 625 verges par saison en moyenne – sans se blesser, pendant 8 saisons. Personne, personne, n’a atteint ce chiffre en 2013. LeSean McCoy a terminé premier avec 1 607, et pire encore, le 2e, Matt Forté, n’en a que 1 339. Le faire 8 ans de suite est presque rendu impossible.
Ce qui m’amène à mon titre. Adrian Peterson est rendu à 10 115 verges en 7 saisons, dont le record de 2 097, une de 1 700 et 4 dans les 1 200/1 300. Il a été clairement un joueur dominant toute sa carrière, le genre de joueur qui est craint par les coordonateurs défensifs de tous ses adversaires. Il n’aura joué à ce jour qu’une seule saison avec un quart établi, Brett Favre, et cette saison s’est terminée à un jeu d’une présence au Superbowl. Le reste de sa carrière, il a eu une grosse cible dans le dos et « 8 gars dans la boîte ». Selon moi, ça devrait être assez pour rencontrer mon critère de dominance et être élu. Mais il lui manque encore des stats. Il a 29 ans, et a subi une opération à chacune des 3 dernieres saisons mortes, donc sa fenêtre est djà en train de se fermer. L’arrivée de Norv Turner (qui aime bien concentrer ses portées à un seul RB) lui donne une chance de sortir encore quelques grosses saisons, s’il reste en santé bien entendu. Si j’avais à gager aujourd’hui je dirais que ses chances sont excellentes, pour une intronisation vers 2022.
Mais qui après? Ray Rice a 27 ans et est déjà sur la pente descendante. Matt Forté, Marshawn Lynch et Chris Johnson ont 28/29 ans et n’ont pas encore dépassé 8 000 verges. Il est sans doute trop tard pour eux. LeSean McCoy n’a que 26 ans et a déjà plus de 5 000 verges. Il devra faire plus dans ses 5 prochaines saisons (26-30 ans) qu’à ses 5 premières, ce qui peut sembler contre-intuitif, mais possible si la magie de Chip Kelly se maintient, que sa santé tient et qu’il ne perd pas trop de vitesse en prenant de l’âge. Mais la barre est très haute et les probabilités sont contre lui.
Oui, on verra Tomlinson en 2017 et probablement Peterson quatre ou cinq ans plus tard, mais l’intronisation d’un RB dans une cohorte du Temple va devenir une exception plutôt qu’une norme. En fait, on pourrait vivre une génération complète de RB’s qui se verront les portes du Temple fermées. Jusqu’au jour où les membres votants vont réaliser que le jeu a changé et que les standards doivent être revus. Et quand on regardera les exploits des RB’s des années 2010 en comparaison avec ceux de leurs prédécesseurs, on verra des carrières plus courtes, mais avec quelques saisons vraiment dominantes. Comme la carrière de Terrell Davis et de Roger Craig…

[…] Marshawn Lynch (9e), Matt Forté (11e) et Frank Gore (11e). J’en parlais en long et en large dans cet article écrit l’an dernier, les standards du Temple combinés avec la réalité de la NFL d’aujourd’hui, vont […]