Dans la NFL, les équipes gagnantes se bâtissent par le repêchage. Les équipes valorisent donc énormément leurs choix, et un choix de 1ere ronde vaut son pesant d’or. De l’autre côté, on entend souvent dire que le taux de succès d’un choix de 1ere ronde est d’environ 50%, ce qui voudrait dire qu’ils n’ont pas tant de valeur que ça. Je suis donc allé vérifier.
En effet, en 2003, je suis tombé sur une rétrospective du repêchage, 10 ans plus tôt, faite par le magazine Athlon Sports. J’ai trouvé ça intéressant et j’ai suivi le même article, pour chacune des 4 années suivantes, donc couvrant les repêchages des années 1993 à 1997. 10 ans, c’est juste assez pour vraiment déterminer si le joueur a connu une carrière digne d’être repêché si haut. Avec leur description de la carrière du joueur et ma mémoire (oui, je sais, pour plusieurs d’entres vous 1993, c’est la préhistoire, malheureusement pas pour moi…), j’ai classé chaque joueur en 4 catégories : A) joueur de concession, joueur vedette/dominant ou ayant fait le pro bowl à plusieurs reprises, dont le nom pourrait être discuté au temple de la renommée, etc… B) solide partant, peut-être un pro bowl ou deux, belle carrière c) joueur marginal ou à temps partiel, ou qui n’a pas joué longtemps pour cause de blessure ou d) perte de temps totale.
Les résultats sont assez surprenants.
Dans un premier temps, sur 5 ans, 150 joueurs ont été repêchés en 1ere ronde durant ces années. J’ai classé 23 joueurs dans la catégorie A, joueur de concession, donc seulement 15% des choix de 1ere ronde sont devenus de super vedettes. La liste est impressionnante, incluant entres autres Orlando Pace, Tony Gonzalez, Ray Lewis, Warren Sapp, Jonathan Ogden, Eddie George, Marvin Harrison, Steve McNair, Derek Brooks, Marshall Faulk, et j’en passe. Ensuite, j’ai classé un autre 57 joueurs dans le groupe B, soit 38% des joueurs repêchés. Pour vous donner une idée, le groupe inclus des joueurs comme James Farrior, Warrick Dunn, Keyshawn Johnson, Joey Galloway, Hugh Douglas et Sam Adams.
Si on additionne les deux catégories, cela donne 53%. Résultat : La rumeur est confirmée : ±50% des choix de première ronde deviennent de solides partants.
Ça veut quand même dire que 47% des joueurs n’ont pas réussi à se tailler une solide niche comme partant. Le groupe C (28%) inclus des gars qui sont restés dans la NFL longtemps mais comme partant marginal ou comme réserviste (Rick Mirer, Kerry Collins), de même que des gars qui ont été relativement productifs, mais seulement pendant une très courte période (Tim Biakabutuka). Le groupe D (19% des choix) inclus de célèbres déceptions, pour causes de blessures (Ki-Jana Carter, Yatil Green), de comportement (Rae Carruth, Lawrence Phillips) ou simplement qu’ils n’ont jamais réussi à s’ajuster à la NFL (Trev Alberts, Heath Shuler et Mike Mamula).
Le taux de succès pour chacune des années ne fluctue pas beaucoup, variant de 47% à 62%.
En poussant plus loin, je voulais voir si le risque est le même à chaque position.
La conclusion que le poste de QB est le plus risqué ne surprendra personne. C’est la position par excellence pour les « reach ». Et cette période de l’histoire de la NFL n’a pas été très fructueuse pour les QB’s choisis en 1ere ronde: seulement 2 des 7 sont devenus de solides partants (groupes A ou B), soit Steve McNair et Drew Bledsoe. Les autres sont Kerry Collins, Trent Dilfer, Rick Mirer, et, tenez-vous bien, Jim Druckenmiller et Heath Shuler. Ouch. Dans le cas de Shuler, après quelques semaines de camp d’entraînement, c’était déjà évident que Gus Frerotte, repêché la même année par les même Redskins mais en 7e ronde, serait meilleur que lui!
La position de QB est celle qui a obtenu le plus faible % de succès (2 sur 7), ensuite TE (2 sur 6). Les positions avec les meilleurs taux de succès? Plaqueurs défensifs (DT), 9 sur 11. Ensuite? Juste en face, l’intérieur de la ligne offensive (centre et garde) avec 6 sur 8. Toutes les autres positions sont aux alentours de 50%. Fait surprenant, les WR’s (10 sur 19) ont mieux fait que les porteurs de ballon (7 sur 16), quoique les blessures à Carter et Biakabutuka ont changé leurs carrières.
Enfin, je suis aussi allé valider si le taux de succès est vraiment meilleur au début de la première ronde qu’à la fin. Conclusion : oui, le risque augmente aussitôt qu’on descend dans la ronde, mais l’écart n’est pas si grand qu’on pourrait croire. Les choix 1-8 ont un taux de succès de 63%, les choix 9-16 de 58%, 17-24 de 48% et 25-32 de 43%. De quoi revoir la fameuse charte de valeur des choix…Par contre, si on isole les joueurs de calibre « A » (les joueurs de concession), 16 des 23 ont été parmi les 14 premiers choix, contre seulement 8 des 28 joueurs « D » (flop total).
Bref, les conclusions sont assez claires.
Est-ce encore valide aujourd’hui? Probablement que la « science » du repêchage s’est améliorée avec les années, la technologie, l’information sur Internet…sûrement, non? Et bien un coup d’oeuil rapide, moins rigoureux et avec moins de recul, aux repêchages de 2005-2007 me donne un taux de succès d’environ…55%, n’en déplaise à Jamarcus Russell!
Alors avant de vous emporter sur le choix de première ronde de votre équipe préférée, dites-vous que dans 10 ans, avec un peu de recul, vous aurez autant de chances d’avoir eu raison que d’avoir eu tort…triste pour les semblants « draft gurus » mais les chiffres ne mentent pas!

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